Au mois de Février 1989, dans le cadre des études en sexologie à la Faculté de Médecine de Toulouse, Réjean Tremblay [1] et son équipe du CIFRES [2] ont proposé aux étudiants en Sexologie de participer à une formation en Sexocorporel avec le Pr Jean -Yves Desjardins au Québec (Canada) dans le cadre d’un accord avec le département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal. Un groupe de sexologues français très intéressés par cette nouvelle façon d’aborder la sexualité et la sexologie a commencé une semaine intensive de formation.
Au fil des années, à mesure que le Sexocorporel prenait de l’ampleur en Europe, notamment grâce à l’implication du Dr Claude Roux Deslandes[3] qui s’est chargée avec le CIFRES d’organiser des formations en Sexocorporel et des séminaires «Vivre en amour» en France, je ressentais la nécessité de participer à la création d’un groupe de réflexion approfondie favorisant la diffusion de cette nouvelle approche en sexologie.
L’idée de départ était de fonder un mouvement autour du Sexocorporel : une corporation de professionnels qui se reconnaissent entre eux, participant annuellement à une journée de formation pour actualiser, échanger leurs connaissances et se retrouver entre consœurs et confrères sexologues. La même formule que ce que l’on retrouve déjà dans bon nombre d’associations, mais cette fois-ci entièrement consacrée au Sexocorporel.
Le projet prenait forme peu à peu. Ainsi en 2003, j’ai commencé une recherche sur les modes d’excitation sexuelle en collaboration avec le Professeur Martin Blais (département de Sexologie de l’Université du Québec à Montréal)[4]. Le fruit de cette collaboration a été présenté lors du congrès de la World Association of Sexology à Montréal en 2005. Les études dans ce domaine étaient quasi inexistantes. J’étais alors animée par la certitude qu’il fallait, avec le Pr Jean-Yves Desjardins, agir, afin que ces connaissances fassent l’objet de recherches scientifiques et soient enseignées dans un cadre juridique, administratif, scientifique et éthique, tel que le Pr Jean-Yves Desjardins souhaitait les promouvoir et les diffuser.
Consciente que d’autres collègues aspiraient à ce projet, mon objectif premier, était de participer avec eux à la reconnaissance, à la diffusion, et à la promotion du Sexocorporel au-delà de notre pratique clinique.
Le Dr Dominique Chatton[5], aussi très impliqué dans le Sexocorporel (bien que plus récemment) à Genève, avait les mêmes préoccupations. Nous les avions partagées avec Jean-Yves Desjardins à l’occasion des sessions de formation à Genève. C’est ainsi que nous nous sommes informés dans nos pays respectifs sur les possibilités de répondre à ces aspirations. J’ai fait quelques recherches de textes de lois sur les différentes associations en France offrant un cadre modulable pour structurer et faire évoluer la formation en Sexocorporel, la recherche et la clinique et il a fait les mêmes démarches en Suisse. Nous avons ainsi mis sur pied le premier comité préparatoire de l’Institut.
Après de nombreuses discussions et recherches de textes appropriés, nous avons conclu, au regard de ce que la France proposait, que la Suisse offrait un cadre juridique et administratif plus adapté pour répondre à nos besoins et à nos objectifs.
Jean-Yves Desjardins fut de facto nommé Président d’honneur de ce comité préparatoire informel et Dominique Chatton en devint le Président. Sur leur proposition j’ai pris les fonctions de secrétaire et de trésorière. Beaucoup de travail restait à faire…
Il nous fallait constituer un groupe de personnes qui allait être les premiers membres de cet institut. Nous avons alors listé tous les noms des personnes susceptibles de devenir «membres fondateurs». Ces personnes avaient contribué à l’expansion et à la diffusion du Sexocorporel au Canada, en France, en Suisse, en Belgique, en Italie et au Maroc.
Pendant que Dominique Chatton se chargeait de définir les statuts et le cadre administratif et juridique de cette nouvelle association, mon rôle était de contacter toutes ces personnes afin de les inviter à l’Assemblée Générale de fondation de l’Institut prévue pour le mois d’avril 2004 à Genève.
C’est ainsi qu’a eu lieu, le 28 Avril 2004 à Genève, la première Assemblée Générale de «L’Institut Sexocorporel International – Jean-Yves Desjardins». La plupart des personnes invitées ont répondu à l’appel, car convaincues du bien fondé de cette nouvelle association et de l’importance de faire reconnaître le Sexocorporel sur un plan international.
Je suis très fière d’avoir été, avec le Pr Jean-Yves Desjardins et le Dr Dominique Chatton, à l’initiative de ce projet d’Institut pour le Sexocorporel. Cet institut s’appelle depuis ce jour: Institut Sexocorporel International – Jean-Yves Desjardins (ISI). En tant que membre initiateur et fondateur, j’ai occupé les fonctions de secrétaire, trésorière, et vice présidente. Je continue aujourd’hui ce travail en participant à diverses commissions (commission membres, commission des formations, commission Internet et commission de la revue). C’est avec un grand plaisir que j’observe le développement de l’Institut et la reconnaissance de cette approche sexologique à travers plusieurs pays.
Je rends hommage à la qualité de la participation de chaque membre de l’Institut désirant, de façon solidaire, pérenniser le développement et la diffusion du Sexocorporel.
J’ai également rendu hommage à Jean-Yves Desjardins à travers un article écrit pour une revue lui étant dédiée:
HommageJYD_IsabelleChafai_dec2012
Reçois, Jean-Yves toute ma gratitude, longue vie à toi et au Sexocorporel !
Isabelle Chaffaï
Sexologue clinicienne à Albi (France)
Formatrice et superviseur en Sexocorporel
[1] Docteur d’état en psychosociologie et Directeur des diplômes de sexologie clinique et d’éducation sexuelle à l’Université de Toulouse.
2 CIFRES : Centre International de Formation et de Recherche En Sexualité
3 Médecin sexologue enseignante Membre d’honneur de ISI Pau France
4 Blais, M., Chaffaï, I., et Desjardins, J.-Y. (2006). Body-related Factors Associated with Male Sexual Dysfunction and Skills Promoting Sexual health. Journal of Sex Research, 43(1), p. 11-12.
Chaffaï, I., Blais, M., et Desjardins, J.-Y. (2006). Body-related Factors Associated with Female Sexual Dysfunction and Skills Promoting Sexual health. Journal of Sex Research, 43(1), p. 13.
5 Docteur CHATTON Dominique Psychiatre psychothérapeute. FMH, sexologue clinicien ISI enseignant Genève SUISSE